Le blog de Laurent et Juliette, deux Français expatriés à Lecce en Italie

Voilà deux années de suite que nous rations l'occasion d'aller au Carnaval de Putignano, pourtant Putignano ne se trouve qu'à 1h40 de route de Lecce et chaque année il y a 3 défilés donc 3 dates possibles. Mais à chaque nous n'avons pas eu confiance en le temps qu'il ferait... plusieurs fois nous nous sommes levés le dimanche matin avec l'intention d'y aller et en voyant un ciel gris menaçant nous avons annulé (bien sûr le soleil venait nous narguer en début d'après midi). Cette années nous étions bien décidé à y aller coûte que coûte et ce, dès la première occasion ! Bien nous en a pris puisque dimanche dernier il faisait un grand soleil :-)

Le Carnaval de Putignano est un des plus important et des plus anciens carnavals d'Italie et même d'Europe, étonnant pour une commune qui ne compte que 25.000 habitants. Le Carnaval trouve ses origines en 1394 ce qui fait de l'édition 2008, la 614e !! C'est aussi l'un des plus longs en durée puisqu'il commence le 26 décembre avec les "cérémonies du cierge" pendant laquelle les habitants donnent un cierge à l'église pour se faire pardonner des pêchés que l'on commentera ou moquera durant le carnaval. La soirée du 26 décembre se continue avec la fête des Propaggini qui consiste en la récitation de versets (en dialecte et rempli de rimes) pour se moquer des puissants d'Italie (de nos jours les hommes politiques) et des faits les plus marquants de l'année écoulée. Enfin à partir du 17 janvier, se succèdent des jeudis pendant lesquelles on ironise sur une certaines catégorie de la population : par ordre chronologique, le jeudi des monseigneur, des prêtres, des religieuses, des veufs, des célibataires, des femmes mariées et des cocus. Enfin il se conclut le mardi gras par un défilé de chars allégoriques de différentes tailles accompagnés de personnes déguisées portant des masques.

Ce défilé est répété les trois dimanches entre le 17 janvier et le mardi gras. Dimanche dernier, nous avons donc assisté au premier défilé de l'édition 2008. Les chars allégoriques sont animés et faits en papier mâché (avec une armature en métal évidemment). Ils représentent l'attraction principale du défilé et demandent beaucoup de préparation et de minuties. Ils font environ 12m de haut et sont construits au plus juste pour pouvoir sortir des hangars dans lesquels ils sont construits. Le challenge est de remplir au maximum le volume du hangar sans qu'il ne puisse plus passer par la porte ! Cette année il y avait 6 chars de ce type sur lesquels des gens dansent, envoient des confettis, etc. Il y avait également 5 ou 6 chars de taille plus petite, sans oublier les défilés de gens déguisés ! C'était une très belle journée et un très agréable moment à passer... si vous êtes dans le coin, profitez des prochains défilés, ça vaut vraiment le coup.

Pour plus de photos, allez voir sur mon flickr !

... il y a des grèves. Je ne parlerai pas des grèves des transports en communs qui disposent d'un service minimum le matin jusqu'à 8h et le soir à partir de 18h. Ainsi il suffit de faire une longue journée et les travailleurs sont sûrs de ne pas trop ressentir l'effet de la grève. Non, cette semaine, c'était le tour des routiers qui avaient posé un prévais de grève de lundi à vendredi... Je dois dire que leur revendication m'a un peu échappé mais c'était du genre qu'ils n'allaient plus s'en sortir avec les impôts et la hausse du prix du pétrole...

Lundi matin, plus de 90% des routiers se sont donc arrêtés et ont bloqués quelques autoroutes. Curieusement une majeure partie des camions avaient 2 ou 3 pneus à plat et tous les chauffeurs ne les ont pas dégonflé volontairement. Quelques valves ont été percées par-ci par-là... facile ainsi d'être tous solidaires... Quand on interroge les meneurs des mouvements, ils répondent que c'est le froid pendant les nuits qui dégonfle les pneus (et prends moi pour un jambon aussi !).

Nonobstant ces méthodes discutables pour faire la grève, les effets n'ont pas tardé à se faire sentir, puisque mardi soir, à la fin du deuxième jour de grève, 70% des stations services étaient à sec. C'est vrai que les Italiens ont un peu paniqué à mon sens puisque mardi soir on a vu des files de voitures qui attendaient de pouvoir se servir aux dernières pompes encore en service ! C'était la même chose au niveau des supermarchés, ils commençaient à manquer de produits frais dès le second jour de grèves !! Ainsi 2/3 des Italiens étaient contre la façon dont était mené la grève (étonnant avec le voyant d'essence en train de clignoter et une assiette remplie de surgelés), mais ces mêmes 2/3 d'Italiens soutenaient les raisons de la grève en se disant que les routiers allaient obtenir aussi quelque chose pour eux (tu parles les routiers, ils défendaient leur pomme et puis c'est tout, comme dans toutes les grèves).

Finalement le seul point positif est que certains se sont demandés s'il était judicieux d'avoir autant favorisé le transport de marchandises par la route. Sachant qu'en Italie, 85% des marchandises sont transportées uniquement par la route, un petit nombre de personnes peut donc mettre à genoux tout un pays. 2 milliard de manque à gagner, 17 000 employés Fiat en chomage technique. Pourtant ce ne fut pas des journées de perdues pour tout le monde puisqu'il a été révélé que des briques de lait ont été vendues 3€ et que le litre d'essence a atteint 1,90€ (alors que normalement il est à 1,40€). Ah que c'est beau de voir toute cette entraide dans les moments de galère...

Bien que ce ne soit pas le lieu le plus joyeux de la ville (ni d'aucune ville je pense), nous avons voulu vous parler du cimetière de Lecce pour souligner les différences culturelles qui existent entre la France et l'Italie. Cette période est également propice à ce sujet. Nous avons attendu samedi pour aller prendre quelques photos afin de ne croiser personne. Parce que je ne suis qu'à moitié à l'aise pour prendre des photos dans une cimetière, c'est d'ailleurs pour cette raison que je n'ai pris que 5 photos. Pourtant le soleil était bien là avec un ciel bleu hivernal. Toutes les conditions étaient réunies pour faire de belles photos, sauf le lieu qui ne m'y engageait pas. (On s'est rattrapé le lendemain en allant prendre des photos des éoliennes avec quelques nuages en plus).

L'entrée du cimetière (photo en haut à droite) est assez grandiloquente, je trouve. Surtout qu'elle est là un peu toute seule au milieu de nulle part, parce qu'il n'y a pas de mur d'enceinte tout autour... Enfin c'est ici l'entrée principale qui pourrait être confondue facilement avec l'entrée d'un parc municipal car il faut marcher 500m dans une allée ombragée pour atteindre le cimetière en lui-même. On trouve d'abord l'ancien cimetière puis tout naturellement le nouveau, mais les solutions de sépultures n'ont pas évoluées dans le temps.

Tout d'abord, il existe les caveaux de famille qui ressemblent nettement plus à des petites chapelles qu'aux caveaux français. Néanmoins la partie ancienne du cimetière montre nettement plus de style (les deux photos à gauche ci-dessous). Car les caveaux familiaux du nouveau cimetière (photo à droite ci-dessous) sont froid et carré. On pourrait croire que c'est une photo d'un quartier résidentiel car ils ont la hauteur et la façade d'un "pavillon".

Sinon il y a également les sépultures individuelles qui ressemblent plus à l'idée générale qu'on peut avoir d'un cimetière. Par contre ce qui nous a étonné c'est l'existence de ces "caveaux communaux" (désolé, je ne trouve pas d'autre expression). Ce sont de "grandes" constructions où les tombes sont les une au dessus des autres mais dont les personnes ne sont pas de la même famille. Peut être sont elles de la même paroisse ?? Chaque sépulture a deux emplacements pour déposer des vases. Du coup dans toutes ces pièces, il y a un gros escabeau pour atteindre les tombes les plus hautes et se recueillir quelques instants à leur hauteur.

Voilà de nouvelles différences culturelles à mettre à notre actif ! On peut remarquer aussi que chaque tombe était très fleurie 2 jours après la Toussaint.

Olivier m'a fait passé un article de Libération qui est plutôt appitoyant... En effet, il rapporte que le 12 octobre le conseil des Ministres italien a adopté un projet de loi sur la presse mais dont un article pourrait toucher "durement" les internautes et les blogueurs. "Le dispositif imaginé [...] prévoit qu'à l'avenir, toute personne «ayant une activité éditoriale», y compris sur le Web, devra se faire enregistrer auprès de l'Autorité pour les Communications". Ainsi le moindre internaute qui souhaiterait ouvrir un blog, devrait auparavant se faire enregistrer auprès de cette Autorité... un peu dissuasif et surtout très contraignant !

Encore une fois, cela montre bien, à mon sens, que les hommes politques des deux côtés des alpes ne comprennent pas grand chose à internet. Certes le monde des blogs et internet ont besoin de limites et de barrières pour ne pas pouvoir faire n'importe quoi (ne règlerait-on pas une grande partie du problème en inculquant et en appliquant le respect à autrui ?). Mais les outils sont encore à inventer car les interdictions traditionnelles ne résistent pas longtemps à un espace virtuel... Prenons cette loi par exemple, mettons que je sois italien (euh il le faut vraiment ?) et que je veuille ouvrir un blog, pour être sûr de ne pas tomber sous le coup de cette loi, il suffit que j'ouvre ou que j'héberge mon blog sur une plateforme à l'étranger... Je peux être en Italie, écrire depuis l'Italie et en Italien, mon blog sera sous la juridiction du pays qui l'héberge. Donc cette loi ne sera pas appliquée et pas applicable. On peut s'emballer dans des envolées lyriques comme Beppe Grillo et dire que "99% des blogs risquent de fermer", mais ce n'est que partiellement vrai. Certes, ils fermeront en Italie, mais ils réouvriront à l'étranger... ainsi il serait plus juste de dire que ce serait la fin des blogs en ".it".

Les politiques affirment que les blogs ne seront pas concernés par cette loi. Laissons leur le bénéfice du doute, mais admettons également que si ce n'est pas clairement écrit, ça laisse la porte bien entrouverte... Selon moi, toute cette histoire n'a rien à voir avec les blogs en général... par contre cela vise clairement Beppe Grillo ! Quelques mots à son encontre me paraissent nécessaires. Beppe Grillo est un humouriste engagé comme on dit (il est peut être maintenant plus engagé qu'humouriste d'ailleurs). Libé le compare à Coluche... le raccourci est un peu simple puisqu'il s'agirait tout de même d'un Coluche beaucoup plus énervé ! Sa cible préférée est la classe politique et ne manque aucune occasion de l'égratigner. Son combat a atteint son paroxysme le 8 septembre dernier avec l'organisation d'un "Va' fa' day". Cette journée voulait rassembler sur toutes les places d'Italie les citoyens qui voulaient dire non aux parlementaires condamnés par la justice (actuellement, 25 parlementaires siègent à l'assemblée alors qu'ils ont été condamnés par la justice et alors qu'un citoyen landa ne peut se présenter aux élections si son casier judiciaire n'est pas vierge), ceux qui en ont assez des politiques de professions qui siègent pendant 20 ou 30 ans sans discontinuer, et enfin ceux qui sont pour une élection directe des parlementaires (les élections étant à la proportionnelle, ce sont les secrétaires des partis qui désignent ceux qui vont siéger à l'assemblée et au sénat). Ces critiques sont plutôt légitimes et certaines pourraient être retranscrites aisément en France. En tout cas, Beppe Grillo n'y va pas avec le dos de la cuillère et son "Va' Fa' Day" a eu son petit succès. Les hommes politiques commencent à être très agacés par sa présence et son discours, surtout qu'il continue sur son blog... Et oui, Beppe Grillo a un blog et c'est à mon sens ce blog, et aucun autre, qui est visé par le texte de loi précédent.

Affaire à suivre quand même puisque le texte de loi doit encore être voté par le parlement et le sénat, alors que Beppe Grillo a déjà annoncé un nouveau "Va' Fa' Day" sous le signe de la protestation anti-élites, consacrée à l'information

La semaine dernière se déroulait l'élection de Miss Italia. La première différence avec l'élection de Miss France, c'est qu'en Italie, ils ont besoin de 4 soirées complètes pour se décider ! Evidemment ils télévisent les 4 soirées en intégralité... vous vous imaginez supporter Jean Pierre Foucault et Mme De Fontenay pendant 4 soirs de suite, en train de poser des questions débiles et entendre des réponses pré-formatées ?? Eh bien, moi pas vraiment, c'est pourquoi on n'a pas regardé ;-) Certes 4 soirs de défilés de maillot de bains, ça pourrait être sympa... mais ils ont toujours le chic pour choisir des maillots horribles et forcer les filles à se coiffer comme dans les années 1950. Eh bien, du coup, on n'a pas regarder non plus ;-)

Franchement, j'aurais presque voulu regarder pour savoir ce qu'ils peuvent faire pendant 4 soirées. A leur décharge, ils avaient 102 miss à départager. Pourtant, il n'y a que 20 régions en Italie... Du coup il y a plusieurs miss pour chaque région, par exemple pour les Pouilles, il y a : Miss Puglia, Miss Cinema Puglia, Miss L'auraBlu Moda Mare Puglia, Miss Sorriso LeiCard di Agos Puglia, Miss Televolto Le Fablier Puglia, Miss Wella Puglia, ouffff. Je n'ai pas trouvé l'origine de tous ces noms de concours de beauté... mais bon en même temps, s'ils devaient faire un concours de beauté avec 20 miss, ils ne pourraient pas combler 4 soirées ! Et puis, ça fait toujours plus de chances pour les miss d'être sélectionnée dans leur région.

L'élection de Miss Italie existe depuis 1939 et l'édition 2007 a vu la victoire de Silvia Battisti (miss veneto) dont vous pouvez voir la photo de sa victoire...

La semaine dernière, c'était la rentrée pour les écoliers italiens. Mais les étudiants, eux, étaient à pied d'oeuvre depuis une semaine de plus. Pourtant les cours n'ont pas encore commencé... En effet, en Italie, il faut passer des concours pour entrée à l'université. Je vous détaille le parcours d'un jeune bachelier classique. Après avoir souffert pour passer leur "maturita" en juin qui est l'équivalent du Bac, les jeunes italiens doivent réviser pendant tout l'été pour passer de nouveaux examens en septembre pour savoir dans quelle université ils continueront. Bien entendu chaque université organise son propre concours, ce qui force à passer un nombre de concours assez important pour être sûr de faire quelque chose l'année suivante. En même temps, je les plains mais je ne suis pas tout à fait sûr s'ils révisent réellement tout l'été... ;-) Il y avait du monde sur les plages pourtant... J'aurai trouvé quand même ça bizarre de devoir passer des examens à 3 mois d'intervalles.

Dans cette situation de concurrence extrême, les abus ne sont en général pas loin... La semaine dernière, j'ai entendu aux informations que certains étudiants payaient 30 000 euros pour s'assurer d'être admis dans la fac de médecine ou d'orthodontie au Politecnico de Bari. Je n'ai pas suivi suffisamment l'affaire pour savoir à qui allait cet argent... mais ce n'est pas trop difficile à comprendre : ceux qui décident de l'admission finale, évidemment. Par contre, je suis bien incapable de dire si c'est une pratique généralisée ou non. J'aurais tendance à penser que non, même si la devise de l'Italie (du sud ?) pourrait être "il y a toujours moyen de s'arranger". Pour finir, j'espère que l'autonomie des universités en France n'engendra pas ce genre de situations extrêmes.