Le blog de Laurent et Juliette, deux Français expatriés à Lecce en Italie

En attendant encore Ratatouille (sortie prévue le 19 octobre en Italie !), nous sommes quand même passés en cuisine lorsque nous sommes allés hier au cinéma pour voir "le goût de la vie", dernier film de Scott Hicks avec Catherine Zeta-Jones et Aaron Eckhart.

Lorsqu'on avait vu la bande annonce au printemps dernier, Juliette m'avait regardé un grand sourire en disant "on ira voir ça ???". J'avais évité un peu la question en me disant que ça allait encore être un film à l'eau de rose (ou comment dire gentillement que c'est un film de fille ;-) Finalement, je ne me suis pas fait prié pour y aller avec une bonne surprise à la clé.

En effet, ce n'est point du tout un film à l'eau de rose, même s'il y a un ou deux moment fleurs (très) bleues. Mais pour le reste c'est un bon film plein de légèreté, d'humour et d'émotion. Rien d'exceptionnel au niveau du scénario puisque c'est un film "ils-vécurent-heureux-et-eurent-beaucoup-d'enfants", mais les acteurs sont brillants et semblent déborder d'énergie et de complicité. C'est l'histoire d'une Chef dont les habitudes (très psycho-frigides) sont bouleversées par sa nièce dont elle va devoir s'occuper (suite à la mort de sa mère). Les horaires en cuisine ne sont pas compatibles avec la vie d'une petite fille qui a besoin beaucoup d'attentions. Heureusement, un chef italien va entrer dans leurs vies pour les aider. Le film termine sur le petit message suivant : "si quelque chose vous tient particulièrement à coeur, il faut le faire !".

Une fois n'est pas coutume, aujourd'hui c'est d'un livre dont je vous parlerai. Son titre est "60 million frenchmen can't be wrong" (ce qui signifie 60 millions de Français ne peuvent pas avoir complètement tord). Il a été écrit par Jean-Benoit Nadeau et Julie Barlow qui sont deux journalistes Canadiens. Ils ont passé 2 ans en France (de 1999 à 2001) pour étudier et essayer de comprendre les Français. Ce livre aborde le caractère des Français à travers le prisme de deux Canadiens dont un Québécois. Qu'est ce qui fait qu'un Français est reconnaissable au milieu de tous ? Il a aussi pour but de faire comprendre aux Nords Américains pourquoi nous sommes comme nous sommes. Ainsi il y a beaucoup de comparaison entre les Français et les Nords Américains... il y aurait eu peut être moins de différences avec d'autres Européens...

J'ai trouvé ce livre très instructif et très bien fait. C'est toujours intéressant d'être vu par des gens qui ont une culture très différente. En plus il n'y a pas trop de préjugés, mais plutôt une analyse en partant de la longue histoire qui a forgé l'esprit et la façon de penser des Français. Puis on passe à l'étude de la structure très centralisée et amoureuse de la grandeur de la société Française. Enfin, ils terminent par présenter ce qu'il pèse en ce moment sur les changements de la France.

On apprend quelques choses surprenantes comme le nombre de jour de grève perdu par an : en 1996, les Français perdaient 448 000 jours de travail sous forme de grève... quoi de plus normale peut on penser. Mais ce qui est le plus étonnant est que les Anglais en aient perdu 3 fois plus et les Américains 11 fois plus !! Alors pourquoi la grève est vu comme une spécialité Française ?? Uniquement à cause de sa centralisation ! En France, tout le monde proteste contre le gouvernement puisqu'il décide tout. Un transporteur de Nantes et un prof de Marseille peuvent se retrouver dans une manifestation. Aux Etats Unis, un prof de San Diego et un prof de San Fransisco (deux grandes villes très proches à l'échelle des Etats Unis) ne se retrouveront jamais dans une manifestation puisqu'ils vont protester chacun de leur côté contre leur directeur. Cela détruit bien des idées reçues. Autre idée reçue mise à mal dans ce livre : la France serait refractaire à la réforme... c'est vrai que ce n'est pas facile. Mais la France est en perpétuelle évolution ! Sauf qu'elle ne fait jamais table rase du passé et donc les changement est forcément plus ténu. De nombreuses fois, les auteurs ont entendu cette fameuse phrase : "la France n'est plus ce qu'elle a été..." Mais les auteurs ont conclu et démontré que la France n'avait jamais été "ce qu'elle a été". C'est juste un faux semblant et un reflet de son perpétuel changement !

Ces derniers temps ont été propices aux crispations et à la nervosité. On a donc bien besoin d'un Free Hug (câlin gratuit) qu'il soit petit ou grand ! Et la campagne "Free Hugs" est en phase de conquérir le monde... si elle pouvait aussi atteindre les dirigeants, ce ne serait pas plus mal...

Laissez moi vous comter la naissance de ce mouvement et l'histoire vraie de Juan Mann (trouvée en anglais sur le site freehugscampaign.org). Cet Australien vivait à Londres lorsque tout s'écroula autour de lui, plus rien ne le retenait nulle part... il rentra simlement chez lui. Son avion attérit à Sydney et avait pour seul bagage un sac plein d'habits et un paquet de problèmes. Rien ne l'attendait non plus à Sydney et se sentit d'un coup comme étranger sur sa terre natale. Il ne fait pas bon être seul dans un terminal d'aéroport au milieu de toutes ces embrassades, ces câlins, ces sourires, ces larmes pour celui qui revient ou qui part... c'est le reflet que quelqu'un tient à vous. Non, Juan Mann, lui, était tout seul !
Dans ce cruel manque de tendresse, il prit un morceau de carton et un marqueur noir pour se diriger vers la rue piétonne la plus passagère de Sydney. Il écrivit en gros "FREE HUGS" sur les deux faces de son carton et le brandit bien haut. Pendant 15 minutes, tout le monde passait à côté de lui sans le voir... un peu comme dans la vie de tous les jours dans les bus ou métros où personne ne se regarde, personne ne se parle, tout le monde s'ignore. Oui mais voilà, une première personne s'arrêta lui tapa l'épaule pour lui dire qu'aujourd'hui elle venait de perdre son chien, et que ce jour était le jour du 1er anniversaire de la mort de sa fille unique décédée dans un accident de voiture. Elle lui avoua qu'elle avait vraiment besoin d'un câlin en ce moment.
Il mit un genou à terre et tombèrent dans les bras l'un de l'autre. Quand elle repartit, elle avait un sourire... Ce qui est sûr, c'est que chacun à ses problèmes qu'il ne sert à rien de comparer. Mais de voir quelqu'un qui fronçait les sourcils, finalement décrocher un sourire après un petit câlin, ça réchauffe le coeur !

La vidéo précédente est émouvante et retrace cette histoire vraie. Le groupe Sick Puppies a composé la chanson en ayant eu connaissance du mouvement et l'ont proposé gratuitement à Juan Mann pour faire place à un phénomène. Le plus incroyable, c'est que peu temps après avoir commencé, les autorités ont interdit ce mouvement ! Pourquoi interdire ces gestes d'affection ? Je me le demande... Heureusement, elles sont revenues sur leur décision et aujourd'hui le mouvement fait le tour du monde... alors si vous voyez une personne brandir une pancarte comme celle-là ou sa traduction, arrêtez vous quelques secondes pour la serrer dans vos bras... encore plus si elle semble ne pas vous ressembler ! C'est un fabuleux mouvement de tolérance et d'espoir en l'être humain. L'INPES (Institut National de Prévention et d'Education pour la Santé) a d'ailleurs fait une campagne contre le SIDA sur ce thème...

GIVE ME A HUG !

Encore un billet politique mais c'est promis c'est l'avant dernier de la série ;-) Depuis deux ans, tous les médias en rêvaient et nous l'annonçaient. Hier, ce fut finalement la délivrance avec le débat opposant Ségolène Royal à Nicolas Sarkozy. Je l'ai trouvé très intéressant... mais il est vrai que ma référence était le débat de 1995 entre Jospin et Chirac qui ne m'avait pas passionné. Etait-ce dû à sa qualité médiocre ou à mes 15 ans ? Un peu des deux sûrement ! En ce qui concerne le débat d'hier soir, il a été plein et dans la lignée de la campagne précédente. Beaucoup de thèmes ont été abordés, parfois trop en détails, et certains ont été oubliés (principalement tout ce qui concerne les relations internationales et européennes même s'ils ont été effleurés à la fin). Par contre, les deux journalistes n'ont servi à rien puisqu'ils n'ont pas réussi à imposer le fil conducteur qu'ils avaient préparé. Selon moi, la responsabilité de Ségolène est un peu plus engagée sur ce point là. Au bout du compte, ça semble un peu fouilli même si on sait qu'on a parlé un peu de tout. Cela n'enlève en rien à l'intérêt des propos.

D'autre part, ils sortent à mon sens tous les deux vainqueurs pour leur propre camp. Les indécis auront pu voir qu'ils ont des ressemblances et des idées communes sur certains sujets, mais aussi des divergences importantes sur d'autres et sur les moyens à utiliser. Pour moi, il y a donc match nul. Pouvait-il en être autrement ? Sachant qu'ils étaient très bien préparés tous les deux... Ils ont eu leurs moments forts et leurs erreurs chacun à leur tour. Néanmoins, je donnerais quand même un léger avantage pour Ségolène en terme d'impression générale. L'image négative (genre Bécassine), que les éléphants du PS lui avait collé à la peau lors des primaires, était tenace. Du coup, elle a pu démontrer sa stature de présidentiable face à celui dont tout le monde est sûr qu'il est taillé pour le poste (au niveau de la stature et pas des idées je précise). Elle a été très offensive comme son statut de challenger lui suggérait, à la limite d'être trop aggressive à quelques instants. Nicolas s'est, quant à lui, efforcé de rester calme pour essayer de se décoller l'image de colérique qui lui colle à la peau.

Maintenant, allons voter dimanche et attendons le résultat sereinement. Ce sera de toute façon très serré et cela m'étonnerait que la victoire se joue à plus de 51%. Il n'y a qu'à voir les exemples des dernières élections en Allemagne, aux Etats-Unis ou en Italie qui ont été extrêmement serrées. Ce sera le cas aussi en France. Et je vous le prouve sur la base des résultats du 1er tour. Sègolène a fait un score de 26%, les scores du reste de la Gauche représente 10,5% et on peut considérer qu'elle aura quasiment toutes ces voix, disons qu'on peut ajouter 10%. A cela on doit pouvoir ajouter 40 à 55 % des voix de Bayrou ce qui représente entre 8 et 10 points. A l'inverse Nicolas part avec un score de 31, on peut considérer que 60% des électeurs de l'extrême Droite vont se reporter sur lui ce qui fait environ 7 points. Enfin, on doit pouvoir ajouter 6 à 8 points des voix de Bayrou. Ainsi Ségolène et Nicolas se retrouvent avec un score de 44 à 46 points tous les deux. Cela s'annonce serré mais pas facile non plus pour Sègolène qui doit combler son retard et faire le plein à l'extrême Gauche et au Centre.

Le petit commentaire que j'ai laissé l'autre jour chez Olivier m'a donné l'idée de l'enrichir un peu et d'en faire un billet complet sur mon blog. On peut le qualifier comme exercice de politique fiction en partant de quelques faits réels. Avant de commencer, une petite information est nécessaire pour comprendre la temporalité de l'action. Après la fermeture des bureaux de vote, il faut en général compter 30 minutes pour avoir les premières estimations des résultats. Comme vous l'aurez compris, cela concerne les prochaines élections présidentielles... mais c'est le moment ou jamais d'épuiser le filon ;-) Attention, c'est parti:

Dimanche 18h, les bureaux de vote des petites communes et agglomérations ferment. Et le dépouillement commence tout naturellement.
18h30, c'est la stupeur dans les milieux autorisés (journalistes et politiques), selon les premières rumeurs, la candidate Ségolène Royal se classerait quatrième derrière Sarkozy, Bayrou et Le Pen dans cet ordre.
18h35, certains blogueurs comme Jean Marc Morandini mettent leurs "menaces" en application et publient ces premiers chiffres sur leur blog respectif. Les internautes n'en croient pas leurs yeux... on ne leur fera pas le coup deux fois ! Ceux qui n'étaient pas sûr d'aller voter et ceux qui avaient décidé d'attendre justement ces premières rumeurs se précipitent dans leur bureau de vote...
19h, d'autre bureaux de vote ferment à leur tour.
19h59, PPDA a l'air tendu et circonspect... peu de monde autour de la table... C'est sûr il se passe quelque chose !
20h, l'heure est arrivée, les premières estimations sont données au grand public: Bayrou arrive en tête juste devant Sarkozy mais sont dans un mouchoir de poche, Royal arrive troisième. C'est un coup dur pour la gauche une nouvelle fois. Dans le camp de Sarkozy, on est inquiet puisque Bayrou serait son adversaire au second tour: un cauchemar ! Les analystes ne comprennent pas, nous non plus puisque personne ne se mouille et les messes basses foisonnent sur le plateau de télé.
20h45, PPDA annonce un chamboulement dans les résultats Bayrou reste en tête mais Royal passe devant Sarkozy et éjecte ce dernier du second tour. On doit reboucher le champagne à l'UMP, la gauche explose de joie... mais rien n'est joué nous promet-on, et il faudra attendre tard dans la nuit pour avoir des certitudes car les scores sont très serrés.
Lundi, les derniers résultats ont été confirmés. Nicolas Sarkozy porte une réclamation devant le conseil constitutionnel contre les blogueurs qu'il accuse d'avoir influencé la fin du vote...

S'engage alors une période de doute et d'incertitude, le Conseil Constitutionnel s'arrache les cheveux (enfin ce qu'il en reste). Le second tour est repoussé et les premières maniestations font leur apparition: d'un côté les pro-Sarkozy, de l'autre les anti. 15 jours après le 1er tout, Jean-Louis Debré - président du Conseil Constitutionnel - se présente devant la presse, l'air grave... Dans une brève interlocution il annonce l'annulation du premier tour et le début d'une nouvelle campagne, Jacques Chirac reste Président de facto jusu'à la nouvelle élection. On entend des sifflets et des applaudissement à l'extérieur... manifestements des deux camps en viennent presqu'aux mains. La société Française se crispe et la violence se cristallise. Des manifestations de plus grande ampleur envahissent les rues de toutes les villes. Les manifestations font place aux émeutes et aux affrontements, qui font eux-mêmes place à une ambiance de guerre civile. (comment ça, j'en fais trop, j'ai bien le droit c'est une fiction). Jacques Chirac vote la loi marshall et fait appel à l'armée pour rétablir l'ordre. Rien ne va plus, mais quatre mois plus tard, c'est la naissance de la VIe République sur les cendres du système politique actuel. La France se met sur les rails des grandes réformes nécessaires et étonne tous les pays du Monde par son charactère schyzophrène, mais tout a l'air d'aller de nouveau de l'avant.

Voilà, ça vaut ce que ça vaut... La question qui pourrait être intéressante de se poser est la suivante: est-ce réaliste et possible (en se limitant à la partie d'une annulation par le conseil consitutionnel suite à la publication des rumeurs sur les blogs à 18h30) ?? Difficile de se prononcer... L'argument le plus facile et le plus largement employé par ces blogueurs est le suivant: on ne peut pas savoir à l'avance pour qui les gens vont voter si on publie les rumeurs, d'autre part on ne sait pas combien attendent les dernières heures pour aller voter. Ainsi statistiquement, le résultat des 2 dernières heures de scrutin devrait être gross-modo identique à celui des 10 premières heures ! Tout ceci est vrai ! On ne peut pas présumer de ce qui va se passer. Par contre, on peut faire l'analyse à la fin des comptes pour savoir si les bureaux de vote ayant fermé à 20h donnent un résultat très différent de ceux fermés à 18h. Néanmoins, ça me semble difficile à prouver et à plaider. Difficile de penser qu'une heure et demie de temps sur les grandes villes peuvent faire basculer un résultat... mais pour un scrution serré comme ça pourrait être le cas dimanche, ça peut jouer (je dirais sur 1 à 2%). Enfin de compte, c'est tout simplement une habitude stupide de faire fermer les bureaux de vote à des heures différentes ! Mais d'un autre côté ce n'est pas forcément très respectueux du scrutin et de ceux qui votent après 18h de leur dire que ça ne sert à rien puisqu'on connaît déjà le résultat ! Je ne sais pas comment je vivrai cet instant crucial à 20h pour avoir les premiers chiffres vu que je suis en Italie... sûrement à la radio...

Je vous l'avais déjà dit là, mais j'ai eu un coup de coeur pour le second album d'Abd Al Malik : Gibraltar. Par contre je ne peux rien vous dire sur son premier que je ne connais absolument pas... La première fois que je l'ai entendu, c'était le 1er janvier il me semble. J'avais eu un sentiment plutôt mitigé : il y avait bien un petit quelque chose qui faisait la différence mais je m'étais dit "mouais, il chante pas, il parle c'est tout". C'est normal puisque c'est un adepte du slam ! Il me fallut qu'une ou deux écoutes supplémentaires pour apprécier les arrangements jazzis. En fait il allie à la perfection le slam, le rap et le jazz. Cela donne un mélange frais et détonant ! Les textes ne gâchent rien, bien au contraire... vous me direz heureusement puisque le slam repose uniquement sur la force des textes. Ses textes sont de véritables contes urbains inspirés de sa propre vie et de sa propre expérience. Je vous laisse un petit extrait pour découvrir, mais il y en d'autres sur les sites de la fnac ou d'amazon... A écouter sans modération et surtout réfléchissez aux paroles ;-)