Une roadhouse, c'est une oasis dans l'outback. Imaginez avoir roulé des centaines de kilomètres sur une autoroute toute rectiligne, avoir croisé en tout et pour tout une poignée de voitures ou camions et avoir pour seul paysage un paysage monotone tel que des plaines désertiques... Ainsi lorsque vous arrivez à une roadhouse, vous vous y arrêtez ! On y trouve de tout (enfin pour des besoins de première nécessité) : d'une bière fraîche au plein d'essence, en passant par des toilettes, une supérette, quelques chambres de motel, un caravan park, un téléphone, des bouteilles de gaz, quelques aliments et tout simplement un peu de compagnie pour se reposer avant de reprendre la route.

Souvent on peut y manger ou emporter les plats préparés pour vous. Ce n'est pas de la grande gastronomie et on retrouve souvent le même menu, mais c'est en général assez bon. Un des plats classiques est le "meat-pie", une tourte à la viande industrielle et servie réchauffée (mais on en reparlera bientôt). Evidemment il y a des burgers mais rien à voir avec ceux du McDo ou des autres chaînes de fast food. Ici ils sont faits devant vos yeux avec du pain grillé et un steak haché ou bien un vrai steak, c'est au choix. Ensuite on peut soit prendre le classique avec ketchup et oignon, ou bien faire rajouter un peu de bacon ou de fromage. Mais il y a encore mieux en prenant "the lot" c'est à dire le complet... et là vous aurez droit en plus du bacon et du fromage à de la betterave, des carottes râpées, de la salade et des tomates. Rien que ça ! Vous imaginez la bouche qu'il faut ouvrir pour croquer dedans ;-)

Certaines roadhouse redoublent d'imagination pour attirer l'attention depuis la route afin que le touriste ou le routier de passage fasse quelques kilomètres de plus et s'arrêter ici plutôt qu'ailleurs. Des panneaux publicitaires nous annoncent la couleur 100 km à l'avance : celles qui servent la meilleure bière de la région ou qui offrent le plus grand choix, celle qui est située au centre de l'Australie, etc. D'autres font des efforts visuels et valent le détour : la pink roadhouse de Oodnadatta où tout est rose ou bien celle d'Aileron qui a des statues géantes représentant des aborigènes. Mais les plus authentiques sont celles qui, à l'intérieur, sont remplies de messages/objets laissés par les gens de passage, comme à William Creek par exemple. Les murs sont recouverts de cartes de visites, de cartes d'identité, de permis de conduire périmé, de soutien gorge dédicacés. A Barrow Creek, le propriétaire détient des billets de banque et des pièces de monnaie de plusieurs pays du monde. Il paraît que les clients écrivent leur nom sur les billets pour être sûr de pouvoir se payer une bière quand ils repasseront ;-) D'autres, encore, collectionnent les plaques d'immatriculation. Et quand on leur dit qu'on est Français, ils sont toujours très contents et fiers de nous montrer tout ce qui vient de France dans leur roadhouse.

Les propriétaires, pour une très grande majorité, sont toujours très sympas et serviables. Ils engagent facilement la conversation avec le sourire pour savoir d'où on vient et où va. Pourtant ils ne doivent pas avoir une vie facile, puisqu'ils sont la seule habitation à des kilomètres à la ronde. Parfois ouverts 24h sur 24, ils ne voient pas passer beaucoup de monde tous les jours. Ils vivent loin de tout et doivent être multi-fonctionnels : gestionnaires d'abord (pour l'approvisionnement des produits frais et essence notamment), cuisiniers, hôteliers, mais aussi un minimum bricoleurs (peu d'électriciens ou plombiers se déplaceront rapidement si loin). C'est souvent en famille que sont gérées les roadhouse et parfois ils sont aidés par des backpackers.

S'arrêter dans une roadhouse c'est aussi l'occasion de rencontrer des locaux, ouverts à la discussion... mais aussi d'autres voyageurs et routiers. Cela peut aussi être l'occasion de s'informer sur l'état des routes, si nécessaire, car ils connaissent bien la région et sont de bons conseils. En tout cas, il faut y faire le plein d'énergie... jusqu'à la prochaine ville ou roadhouse, souvent une centaine de kilomètres plus loin.

oodnadatta